En Tunisie, les déchets plastiques représentent une part importante des déchets solides ménagers et industriels, avec une prépondérance de Polyéthylène Téréphtalate (PET). Ces plastiques, largement utilisés dans les bouteilles et les emballages alimentaires, posent un défi environnemental majeur. Les chiffres montrent que plus de 200 000 tonnes de plastique sont produites chaque année en Tunisie, dont une grande partie n'est ni recyclée ni valorisée correctement. Ce problème est amplifié par le fait que seulement 4% des plastiques sont recyclés dans le pays, bien en dessous des moyennes internationales.
Le plastique est non biodégradable, et sa présence prolongée dans l’environnement nuit à la biodiversité, pollue les sols et les eaux, et contribue au réchauffement climatique. Ainsi, la promotion d’une économie circulaire centrée sur le recyclage des plastiques est essentielle non seulement pour réduire la pollution, mais aussi pour répondre aux objectifs de développement durable (ODD) fixés par les Nations Unies.
Les infrastructures de gestion des déchets en Tunisie sont encore loin des standards internationaux. Par exemple, sur les centaines de tonnes de plastiques produits quotidiennement, seule une fraction atteint les centres de tri. Les équipements nécessaires, comme les machines de lavage à chaud, les extrudeuses ou les broyeurs, sont souvent absents ou obsolètes dans de nombreuses usines de recyclage locales.
En Tunisie, une grande partie de la collecte des déchets plastiques est réalisée par des collecteurs informels. Bien que leur contribution soit cruciale, le manque de coordination entre ces acteurs, les municipalités et les entreprises de recyclage entraîne des pertes importantes. De plus, cette chaîne informelle ne garantit pas un tri de qualité nécessaire à un recyclage efficace.
Selon une étude récente, près de 60% des Tunisiens ne sont pas familiers avec les pratiques de tri sélectif. La sensibilisation à l’importance du recyclage reste insuffisante dans les écoles, les entreprises et les foyers. Une éducation environnementale plus poussée pourrait avoir un impact significatif sur la participation des citoyens.
Le recyclage peut jouer un rôle stratégique dans la création d’emplois. Une étude réalisée par l’Organisation Internationale du Travail (OIT) a estimé que chaque tonne de plastique recyclée peut générer deux à trois emplois directs dans la collecte, le tri, et le traitement des déchets. Ces emplois, souvent localisés dans les régions rurales ou défavorisées, contribuent au développement économique local.
Le PET recyclé (sous forme de paillettes ou granulés) est très demandé à l’international. Les marchés européens, notamment en France et en Allemagne, sont constamment en quête de matériaux recyclés pour répondre à leurs propres objectifs environnementaux. En renforçant ses capacités, la Tunisie pourrait augmenter ses exportations, générant ainsi des devises pour l’économie nationale.
En réutilisant les plastiques recyclés pour produire des biens comme des fibres textiles, des emballages ou des matériaux de construction, la Tunisie pourrait réduire sa dépendance aux matières premières importées. Cela représenterait une double économie : financière et écologique.
La collecte des bouteilles en plastique est la première étape du recyclage. Des initiatives comme les points de dépôt volontaire ou des partenariats avec les supermarchés peuvent inciter les consommateurs à ramener leurs déchets plastiques. Une fois collectées, les bouteilles sont triées par type de plastique, couleur et état de propreté.
Le lavage à chaud est une étape cruciale pour éliminer les résidus, les étiquettes et les contaminants. Cette étape garantit que les plastiques sont prêts pour la transformation en paillettes ou en granulés, qui sont ensuite utilisés comme matières premières pour de nouveaux produits.
Les paillettes de PET sont fondues puis extrudées pour produire divers matériaux, comme des fibres textiles pour le polyester, des emballages alimentaires, ou encore des pièces de mobilier en plastique recyclé.
Des startups tunisiennes commencent à émerger dans le domaine du recyclage. Par exemple, certaines entreprises se spécialisent dans la fabrication de briques en plastique recyclé, destinées au secteur de la construction. Ces produits innovants, moins coûteux que les matériaux traditionnels, répondent à des besoins locaux tout en réduisant les déchets.
Des organisations non gouvernementales comme Tunisie Recyclage mènent des campagnes de sensibilisation et mettent en place des systèmes de tri dans les écoles et les entreprises. Leur action contribue à instaurer une culture de recyclage, notamment auprès des jeunes générations.
Le gouvernement tunisien a signé plusieurs accords avec des entreprises locales pour moderniser les infrastructures de recyclage. Par exemple, des projets pilotes financés par des bailleurs internationaux visent à améliorer le traitement des plastiques à Sfax et Tunis.
Chaque citoyen peut jouer un rôle actif dans la réduction des déchets plastiques en adoptant des pratiques simples mais efficaces.
Des pays comme la Suède et l’Allemagne recyclent plus de 90% de leurs déchets plastiques grâce à des systèmes avancés de tri automatisé et des lois strictes sur la gestion des déchets. Ces modèles pourraient inspirer la Tunisie à renforcer ses propres mécanismes.
L’utilisation de technologies comme les capteurs optiques pour le tri ou les machines de dépolymérisation permet de transformer les plastiques de manière plus efficace. L’intégration de telles innovations pourrait révolutionner le recyclage en Tunisie.
Le recyclage des plastiques en Tunisie nécessite une approche concertée entre les autorités publiques, les entreprises privées et les citoyens. Pour maximiser les bénéfices économiques et environnementaux, il est essentiel de :
En s’engageant dans cette voie, la Tunisie pourrait devenir un modèle régional en matière de gestion des déchets et d’économie circulaire, tout en contribuant activement à la préservation de l’environnement pour les générations futures.